Circus

L'absolu Les Choses de Rien / Boris Gibé

Science-fiction au silo

Une structure fascinante de quatre étages en forme de silo a été installée sur le chantier naval IDP d'Ostende pour le festival Theater aan Zee. Tel un chapiteau de cirque, cette architecture mobile se transporte au gré de la programmation. Entrer dans un silo est en soi une aventure insolite, mais y monter avec une centaine de personnes pour assister à un spectacle conçu spécialement pour cet espace est une expérience sans pareille. Le spectacle L'Absolu (2017) de la compagnie Les Choses de Rien, dirigée par Boris Gibé, offre précisément cette immersion unique. Créateur et unique interprète de la pièce, Gibé démontre une maîtrise impressionnante des techniques acrobatiques et aériennes du cirque. Malgré son aspect quelque peu hyper-symbolique, la qualité et l'originalité de 'L'Absolu' en font sans aucun doute l'un des temps forts du festival.        
L'absolu
Lodie Kardouss Scheepswerf I.D.P., Oostende, in het kader van Theater Aan Zee 2024 meer info download PDF
14 augustus 2024

En collaboration avec une équipe d'architectes et de constructeurs, Boris Gibé a conçu ce silo d'une douzaine de mètres de haut et de neuf mètres de diamètre. Deux escaliers périphériques imbriqués serpentent le long des parois intérieures jusqu'au sommet, où des sièges rabattables, que l'on enfourche comme des selles de vélo, permettent de s'installer autour d'un vide abyssal. 

Perchés au-dessus de ce gouffre, cette tour de Babel industrielle nous offre une expérience scénique vertigineuse. Le spectacle se déroule partout, au-dessus, devant et au-dessous de nous. Il commence au niveau du faux plafond en toile noire, avec en son centre une membrane circulaire souple et transparente qui retient le performeur. C'est comme si nous étions sous un gigantesque sac amniotique. Dans le tumulte de son mouvement, la poche se déchire, Gibé tombe avec fracas et se retrouve suspendu à l’horizontale, face au ciel, au milieu de l'obscurité. 

Le cordon ombilical métallique qui le retient par la taille s'étire jusqu'au sol, l'immergeant dans un bain de petits granulés de polystyrène, donnant l'impression qu'il est englouti dans une chape de béton frais. Le rendu plastique est d'un réalisme saisissant.

Ce spectacle d'une heure regorge de scènes hyperréalistes qui donnent l'impression d'être dans un studio d'effets spéciaux hollywoodien. Le travail est méticuleux et la technique parfaitement maîtrisée. L'impression cinématographique qui se dégage d'une production live est puissante. L’immersion dans une esthétique à la Matrix, avec des scènes d'action, des couleurs sombres, et une prédominance de tons verts, noirs et jaunes crééune atmosphère lourde et presque moite.

   L'absolu' illustre la capacité du théâtre contemporain à transcender ses frontières traditionnelles    

Les évocations des mythes olympiens de la création, du chaos et du vide et les figures imaginaires d'un homme à tête de boule disco géante ou à tête d'enclume, ou encore la scène de la dernière cigarette du condamné avant sa pendaison, sont percutantes. Ces images traduisent sans difficulté des aspects de la condition humaine, des états émotionnels ou des concepts philosophiques. Néanmoins, la narration en voix off et l'utilisation d'accessoires métaphoriques tels que le livre, le miroir et les plumes d'oiseau semblent tirer des ficelles qui ne sont pas toujours indispensables à l'appréciation globale de l’action. Cette accumulation de données traduit presque un manque de confiance en la force circassienne, chorégraphique et cinématographique que Gibé produit, pourtant grandiose. 

‘L'Absolu’ se présente comme un voyage introspectif à travers l'enfer et la rédemption dans un conteneur dans lequel Gibé déploie une énergie sans relâche. Il tombe, rampe, s'immole, grimpe et s'envole. La performance physique et les éclairages sont particulièrement réussis, créant des moments inoubliables. On se souviendra de l'aspiration tourbillonnante, comme de l'eau dans un évier, de son corps et des microbilles de polystyrène au début, de la colonne de fumée cyclonique reliant le bas et le haut du silo à la fin, ou encore des voltiges aériennes de Gibé, semblables à celles d'un ange déchu planant entre l'obscurité et la lumière. 

La composition de la pièce est un hybride entre un langage chorégraphique nourri de techniques circassiennes et des recherches en matière de scénographie, de son, d'éclairage, d'ingénierie et de machinerie, ce qui donne à la pièce un caractère très sophistiqué. La prise de risque artistique et physique est tout aussi frappante, même si la lecture de la pensée se perd dans l'abondance de symboles et occulte parfois la valeur du geste. Quoi qu'il en soit, ‘L'Absolu' illustre la capacité du théâtre contemporain à transcender ses frontières traditionnelles et séduit le public ostendais.


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