Performance

Paper Planes Pankaj Tiwari & Nick Verstand

Flight Mode

                                  ‘Paperplanes’ de Pankaj Tiwari, jeune artiste et commissaire d'exposition de Balrampur (Inde), en collaboration avec l'artiste néerlandais Nick Verstand, est une performance/installation interactive qui invite les spectateurs à réfléchir sur le réchauffement climatique. Sur un ton franc et à travers des histoires personnelles, Tiwari soulève des questions de fond sur la diversité des réalités entre l'Occident et le Sud, les dynamiques de pouvoir, les inégalités économiques et les frontières culturelles. En impliquant le public, cette œuvre immersive encourage une lecture plus ouverte des contrastes et des complexités de notre monde globalisé.        
Paper Planes
Lodie Kardouss De Kriekelaar, Brussel meer info download PDF
20 juni 2024

La scène est remplie de 15 000 avions en papier blanc, symbolisant les 15 000 euros qu'il faut avoir sur son compte pour obtenir un visa pour l'Europe. Assis sur nos petits coussins disposés au milieu de tous ces planeurs, comme une invitation au jeu, nous les faisons joyeusement virevolter, transformant progressivement l'espace scénique en terrain de récréation. Lorsque les lumières s'éteignent, un projecteur reste sur Tiwari, qui, avec un air sérieux, plie ses avions à son bureau tel un maître d'école.

Il nous demande de ranger nos montres et nos téléphones dans une enveloppe qui nous a été remise, une sorte de ‘mode avion’ littéral pour le voyage que nous nous apprêtons à faire au cours de la prochaine heure. Déambulant dans ce paysage d'avions en papier, il nous partage ses souvenirs d'enfance. Il raconte comment, étant jeune, il contemplait le site où les futures pistes aériennes seraient construites à Shravasti, près de sa ville natale.

Tiwari réinterprète son histoire personnelle et son déménagement de l’Inde vers les Pays-Bas, où il vit et travaille actuellement, à la lumière des défis climatiques et économiques mondiaux. De son rêve d'enfant à observer le ciel et à imaginer voler dans un avion, à son arrivée en Europe au sein d'une communauté d'artistes, de penseurs et d'activistes, il découvre que l'aviation est perçue comme nuisible à l'environnement. Il remarque également que les vélos aux Pays-Bas, incarnent une approche plus durable de la mobilité, à la différence de la bicyclette de son père qui, tout en étant son seul moyen de transport, représentait les aspirations de toute sa famille.

Après nous avoir demandé, et fait voter à main levée, combien d'entre nous souhaiteraient adopter un mode de vie véritablement éco-responsable et combien d'entre nous souhaiteraient cultiver eux-mêmes leurs propres fruits et légumes, il nous invite à regarder la vidéo d'un de ses amis qui possède une petite ferme en Inde, où il pratique la culture biologique en totale autosuffisance.

La nouvelle question qu'il pose à la suite de cette vidéo est la suivante : qui voudrait échanger sa place avec celle de son ami ? Cette vie parfaitement écologique et ce sommeil réparateur qui nous est si cher se feront au prix d'un hôpital à 82 km, d'un médecin qui ne vient au village qu'une fois tous les trois mois, de températures oscillant entre -6° en hiver et +50° en été, sans chauffage ni climatisation, et d'un coût pour venir en Europe compris entre 700 et 900 euros, soit l'équivalent de 2 ou 3 vies de salaires.

    Son histoire nous confronte à une réalité qui nous oblige à réfléchir aux dynamiques et aux injustices mondiales    

Il sort de sa poche les documents légaux nous permettant d'échanger notre vie avec celle de son ami, et si nous voulons nous libérer de la culpabilité du réchauffement climatique et véritablement vivre notre rêve de développement durable, il nous invite à venir le voir à la fin du spectacle. Nous restons silencieux, comme des enfants - occidentaux - à qui l'on vient de donner une leçon.

Après tout, n'est-ce pas là un juste retour des choses ? Son histoire nous confronte à une réalité qui nous oblige à réfléchir aux dynamiques et aux injustices mondiales, créant à la fois un sentiment de prise de conscience et de malaise. Nous regardons désormais les avions en papier qui nous entourent et nous surplombent moins avec les yeux de l'espièglerie et de la légèreté qu'avec ceux du privilège.

‘Paperplanes’, pièce inspirée de l'expérience d'un homme du Sud, est une réflexion teintée de rire, de poésie et de sarcasme. Pendant son spectacle, il répète comme un mantra : “Prose is how you see me, poetry is where you have to make an effort to understand me”. La prose décrit les choses de manière claire et descriptive, montrant les aspects apparents de la réalité, tandis que la poésie demande une interprétation plus profonde et un engagement émotionnel ou intellectuel de la part des auditeurs.

Tiwari nous invite à regarder au-delà des apparences pour saisir les émotions sous-jacentes d'une situation avant de porter des jugements et de faire des choix. Le ton parfois réprobateur de notre hôte suscite des émotions contradictoires, brouillant notre interprétation du message final. En effet, au-delà des responsabilités individuelles, nous sommes intégrés dans des systèmes plus vastes qui échappent à notre contrôle, et il n'existe pas de solution unique à cette tension entre action individuelle et influences systémiques. Malgré cela, la performance de Tiwari inspire des réflexions sur la justice environnementale, soulignant la diversité de l'expérience humaine et les réalités complexes influençant les décisions et les interactions dans le monde.        

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